L'église de Saint-Jean-Berchmans à Montréal, qui impressionne le narrateur avec sa beauté. Et moi aussi.
Qu’est-ce que c’est?
Un roman par l’écrivain québécois Normand Martineau, publié en 2003.
Excellent, John, allons-y dans notre français approximatif! C’est quoi le sujet?
C’est une autobiographie fictive, l’histoire d’un homme gai qui fait un survol de sa vie, dès son enfance dans un quartier populaire de Montréal dans les années 50, jusqu’au années 80, où il fait le deuil de son amant mort du sida.
Ça semble une vaste trame, mais le roman est assez court …
Martineau a un style d’écriture poétique et condensé. Il ne raconte pas tous les détails de la vie de son narrateur, et il ne présente pas l’histoire chronologiquement non plus. Il nous donne des morceaux de la vie de Pierre : sa relation avec ses parents, Mère-montagne et l’ogre (leur langage québécois est savoureux); et avec sa grand-mère, une dame flamboyante qu’il appelle Bette-Davis, et son oncle Charles-Émile, qui ouvre la porte pour Pierre au monde gai; ainsi que ses frères hétéros, dont l’un est un agresseur sexuel. Et le hangar du titre est l’endroit où Pierre peut trouver de la solitude pour vivre ses fantaisies homosexuelles.
Mais tu as dit que le roman raconte la vie de Pierre jusqu’au présent?
La grande partie du livre raconte la jeunesse et l’adolescence de Pierre, mais il y a quelques chapitres qui brossent un portrait de sa vie gaie à New York dans les années 70, sa rencontre avec son éventuel amant William, et l’effet du sida sur leurs vies dans les années 80. Et le tout est raconté du point de vue d’un Pierre plus âgé qui fait le bilan de sa vie.
Ça a l’air sombre.
Effectivement, ce n’est pas un livre ensoleillé. Mais c’est un roman honnête, je dirais, sur les aspects difficiles des vies queer, principale-ment la mécompréhension des personnes qui nous entourent, le harcèlement, la honte. Ces qualités sont toujours présentes dans la vie des personnes gaies et queer, et pour ça le roman est toujours pertinent, je crois.
Bien sûr, il y a des épisodes du roman qui relèvent des années 50 et 60, et qui parlent de pratiques qui sont, heureusement, choses du passé. Mais plusieurs éléments de nos vies queer restent intacts aujourd’hui, et ce roman les décrit dans une belle prose imagée qui frôle la poésie. J’ai particulièrement apprécié les pages qui parlent de la découverte par Pierre d’une vie colorée dans un endroit surprenant : « Je découvre une beauté faite de douleurs dans un univers feutré d’église de quartier. » Cette attraction que beaucoup d’hommes gaies (dont moi-même) éprouvent pour l’art religieux est bien exprimée par Martineau.
Étoiles?
Une étoile. C’est un petit roman qui plane sur une vaste territoire, et qui vaut une lecture, et une relecture.
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